Pouvoir d'arrêt

Le pouvoir d'arrêt est la capacité d'une munition à mettre un adversaire hors de combat dès le premier impact provenant du tir d'une arme à feu.

La notion est fréquemment confondue avec l'idée controversée selon laquelle l'impact s'accompagne d'une onde de choc qui «assomme» la cible en comprimant particulièrement vite et provisoirement les tissus par conséquent, entre autres, en augmentant la pression artérielle.

Le pouvoir d'arrêt est une notion statistique exprimant une probabilité de neutralisation immédiate tandis que le pouvoir vulnérant correspondrait, peu ou prou, au produit de l'énergie de la balle et de sa surface frontale. Un pouvoir d'arrêt supérieur fait partie des critères qui justifie pour certains l'emploi d'une munition de fort calibre, telle que le . 45 ACP, alors même qu'elle présente un mauvais rapport entre l'énergie dissipée lors de l'impact et le recul produit mais également un encombrement et une masse plus importants que ceux des petits calibres.

L'effet d'une munition sur l'organisme est toujours mal compris, surtout à cause de l'impossibilité morale évidente de mener des expérimentations in vivo. On utilise fréquemment de la gélatine balistique ayant des propriétés proches (élasticité, limite de rupture) des tissus humains, mais la modélisation reste imparfaite surtout parce qu'un organisme n'est pas homogène.

Cavitation définitive et temporaire

Quand la balle pénètre dans le corps, elle crée un trou par écrasement. Sur son passage, elle détruit une partie des tissus correspondant à son diamètre et écarte une autre partie selon la puissance de son onde de choc. Les tissus étant élastiques, ceux qui ont été écartés reprennent leur place. On a par conséquent un trou provisoire quand les tissus s'écartent (ou «cavitation temporaire») puis un trou de diamètre plus faible (la «cavitation définitive») qui correspond à la quantité de tissus effectivement détruits quand la balle est passée.

L'effet de la cavitation définitive est assez évident (cf. Pouvoir vulnérant : destruction d'organe, hémorragie), mais l'effet de la cavitation temporaire est mal déterminé. Lors de la fusillade de Miami en 1986, un agent du FBI fut blessé par une balle ayant traversé son cou (calibre. 223, une munition à haute vélocité)  ; il présenta une paralysie de plusieurs heures alors même que la mœlle épinière n'était pas sur le trajet de la balle. On suppose que ceci était du à la pression exercée sur la mœlle épinière par la cavitation temporaire.

Dégâts neurologiques

La seule manière pour arrêter une personne net semble être d'endommager significativement le dispositif nerveux central (cerveau et mœlle épinière). Une hémorragie massive peut priver le cerveau et les muscles d'oxygène, mais on estime que le cerveau dispose toujours d'une dizaine de secondes de réserve d'oxygène pour fonctionner, tout dépend par conséquent de la notion d'instantanéité.

Effet psychologique

La peur, le choc émotionnel et la douleur peuvent priver une personne de ses moyens, ou alors la faire s'évanouir. Outre la blessure en elle-même, le bruit et l'éclair de la détonation jouent un rôle. La cavitation temporaire peut donner l'impression à la personne que la blessure est bien plus importante.

La douleur et la peur peuvent provoquer des effets contradictoires, le comportement de la victime peut être inhibé même si la blessure est assez légère, ce qui conduit à une neutralisation de la menace qu'elle peut peut-être représenter. A l'inverse, la douleur et la peur peuvent donner lieu à une réaction de colère et d'agressivité redoublée, même si la victime est mortellement blessée.

Ces facteurs dépendent du niveau de la douleur mais également énormément de l'état d'esprit de la cible et des produits qu'elle a pu absorber (surtout drogues).

Profondeur de pénétration

Selon le FBI et l'IWBA (Mondial Wound Ballistics Association), le facteur principal est la localisation de l'impact. Partant de là, le second paramètre est la profondeur de pénétration, pour pouvoir toucher un organe profond. On estime que la profondeur de pénétration optimale est entre 30 et 45 cm.

Si la munition traverse la personne visée («surpénétration»), elle n'aura pas cédé toute son énergie à la cible et par conséquent n'aura délivré qu'une partie de son potentiel de dégâts. D'autre part, elle risque de blesser quelqu'un d'autre. La capacité de la munition à dissiper son énergie dans les tissus est liée principalement à la forme ainsi qu'à la masse de la munition : à énergie constante, plus une munition est pointue et lourde, plus elle pénètre profondément.

A l'inverse une munition à tête molle verra son diamètre s'accroître à l'impact, elle perdra plus d'énergie dans la cible et provoquera une cavité définitive plus importante. Les munitions de fusil de chasse à projectiles multiples de type chevrotine sont employées car elles présentent une capacité de perforation suffisante pour pénétrer suffisamment la cible et la multiplicité des cavités défintives accroît énormément les destructions physiologiques.

Ce type de munitions présente aussi des intérêts en termes de sécurité, leur assez faible capacité de pénétration permettent de limiter les dommage «collatéraux». ^[1] Elle sert à diminuer le risque de traverser une personne ou un obstacle ou de faire un ricochet et de toucher quelqu'un derrière.

Notes

Liens externes

• Les traumatismes balistiques, Entreprise française d'anesthésie et de réanimation (Sfar)

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